On pardonne tout à son quartier et aux autorités de
son pays, sauf l’insécurité ! De ce point de vue, on peut comprendre la
fureur — en même temps que la grande inquiétude — des riverains de la
Voie de Dégagement Nord (Vdn) traversant notamment les quartiers de
Sacré-Cœur, Mermoz, Liberté VI extension et Nord Foire. La zone qu’ils
habitent, surtout les deux voies constituant la VDN ainsi que le
terre-plein central qui les sépare, sont devenues aujourd’hui le centre
de gravité de la violence dans la capitale. Pas un jour sans que des
agressions à main armée n’y soient signalées. Face aux agresseurs armés
circulant à dos de motos et de scooters, ils ne savent plus à quel saint
se vouer.
Jusqu’à une époque très récente, les agressions
sanglantes et autres vols à l’arrachée étaient l’apanage des quartiers
de la banlieue comme Guinaw-rail, Guédiawaye, les Parcelles Assainies,
Yeumbeul, Thiaroye et autres. Les petits larcins portant sur des vols de
bijoux, d’antennes « Tv 5 », de bouteilles de gaz, de consoles de jeux
et antennes paraboliques, eux, étaient surtout commis dans les vieux
quartiers résidentiels comme Gibraltar-Centenaire, les Hlm, les Sicap
Liberté et Mermoz où les parents retraités n’ont plus les moyens de
satisfaire les caprices de leurs enfants ni même d’assurer le minimum
vital à ces derniers dont la plupart avaient eu une enfance dorée.
Aujourd’hui, si l’insécurité n’a pas carrément changé de camp, elle
s’est par contre élargie jusque dans les zones comme les Sicap
Sacré-Cœur, Liberté VI extension et Nord Foire. Et précisément tout le
long des quartiers qui bordent la Voie de Dégagement Nord (Vdn). Le
nouvel axe de la mort — ou, en tout cas, des vols à main armée — s’étend
de l’ancienne piste de l’Aéroport (Mermoz) jusqu’à la Foire de Dakar en
passant par le cimetière catholique Saint Lazare de Béthanie.
Lequel a d’ailleurs été visité à plusieurs reprises
par des voleurs il y a quelques semaines. Une profanation de tombes qui
avait ému l’opinion. Une chose est sûre : l'insécurité prend des
proportions inquiétantes sur la VDN composée de deux voies. En effet, en
six mois, aussi bien au niveau de la brigade de gendarmerie de la Foire
qu’au commissariat de police de Dieuppeul, des dizaines de plaintes
relatives à des agressions sanglantes y ont été enregistrées. Encore une
fois, il ne passe plus un seul jour sans qu'un piéton ou un
automobiliste ne soit victime d’une agression de la part de jeunes gens
circulant avec des motos ou des scooters. Des spécialistes du vol à
l’arraché qui vous… arrachent votre téléphone portable ou votre sac
contenant votre ordinateur avant de slalomer dans les embouteillages et
de disparaître. Si vous cherchez à résister, ils sortent un coupe-coupe…
Venue se réfugier à Dakar afin d’y terminer ses études en pleine guerre
civile en Côte d’Ivoire, cette jeune fille d’un ancien ministre
ivoirien, fait partie des nombreuses victimes des agresseurs en deux
roues de la Vdn. Ce soir-là, en traversant la Vdn pour rentrer à
Sacré-Cœur III, deux individus à moto lui ont arraché son sac contenant
son mini-ordinateur d’une valeur de 150.000 fcfa. C’était à hauteur du
carrefour dit « Sde », en face de l’école supérieure « Eticca ». Après
avoir chipé au passage la sacoche d’une dame, les voleurs ont réussi à
disparaître dans la nature. Pour couvrir leur retraite, ils ont tiré sur
un taximan qui tentait de les pourchasser. Pour cet autre cas de vol
qui nous a été raconté, les agresseurs n’ont pas opéré à moto, mais à
pied ! Entre les deux voies de la Vdn, ils ont tendu une embuscade à
deux filles dont l’une portait une baladeuse numérique. Après avoir
réussi leur vol à l’arrachée, ils ont sectionné les doigts d’un marchand
de fruits qui avait volé au secours des jeune victimes. À coups de
machette.
Les faits ont eu lieu aux alentours du cimetière
Saint-Lazare. Ce courageux marchand de fruits est plus chanceux que ce
taximan tombé en panne sur la Vdn. En résistant face aux agresseurs à
moto, il aurait reçu plusieurs coups de couteau ayant entrainé sa mort
quelques heures plus tard. Ces différentes agressions ont eu lieu la
nuit tombée. Mais il y en a qui se sont produites en plein jour. En
début d’après-midi ! Comme celle qui a pris pour cible un jeune étudiant
belge. Repéré par deux agresseurs à moto, il a été suivi jusque dans
les ruelles de Sacré-Cœur III, à côté ou du terrain football. Il était
14h passées lorsque ce ressortissant belge a été attaqué à coups de
machette avant que son ordinateur soit arraché par la bande. Alertés par
ses cris de détresse, les voisins n’ont malheureusement pu que
constater les dégâts. Domiciliée à Sacré-Cœur 3, à côté du complexe «
Good Rade », Mme Kh. Diop fait partie des victimes des agresseurs en «
deux-roues » de la Vdn. À la vieille de la Tabaski, elle attendait un
taxi en bord de route. Soudain, deux jeunes gens circulant en scooter se
sont immobilisés à sa hauteur en simulant une panne. Profitant d’un
moment d’inattention de la dame, ils lui ont arraché son sac à main
contenant une somme de 800.000 fcfa. Dans leur fuite, ils ont laissé la
pauvre dame en arrêt cardio-respiratoire. Un confrère de l’agence
Apanews a lui aussi été victime de ces malfrats. Alors qu’il attendait
un taxi non loin des locaux de l’agence, à deux pas toujours du complexe
« Good rade », deux jeunes gens sur une moto l’ont menacé avec une arme
pour qu’il lâche son ordinateur. Une scène que l’on ne voyait que dans
les films policiers. On pourrait multiplier les exemples à l’envi…
Autant d’agressions qui font que les riverains de la VDN ont peur et
n’osent plus sortir de chez eux dès la nuit tombée.
Les agresseurs en scooter sont devenus une véritable
obsession pour eux. Des agresseurs qui ont fait de la Vdn leur zone de
prédilection. Ces deux larges voies bien asphaltées et qui constituent
pour eux une sorte de circuit fermé, leur facilitent grandement « le
travail » si l’on ose dire. D’abord, ils tournent en rond dans les deux
sens. De l’échangeur de la « Foire » au rond-point « Mermoz », ils
tournent dans un circuit fermé sans raison valable, histoire de repérer
la moindre victime porteuse de sacoche ou de téléphone portable. À
califourchon sur leur moto ou leur scooter, ils circulent tout en ayant
l’œil ou l’esprit braqué sur des piétons susceptibles de détenir des
objets de valeur. Ayant pour cibles de prédilection les ordinateurs et
les sacs à main, mais aussi les téléphones portables, ils les arrachent
en un tournemain !
Après quoi, ils se faufilent dans les embouteillages
ou empruntent les ruelles secondaires avant de disparaître. Au rythme
où vont les choses sur la Vdn, les habitants des quartiers Mermoz,
Sacré-cœur, Liberté VI et Nord Foire sont obligés de céder une partie de
leur liberté afin de sauvegarder leur vie et leur sécurité. Comme quoi,
il est recommandé aux usagers et riverains de la Vdn de limiter l’usage
des téléphones cellulaires lors de leurs déplacements dans les
quartiers environnants. Et s’ils ne peuvent se départir de leur
cellulaire, il leur est recommandé de faire preuve de prudence et de
regarder dans tous les sens entre deux « Allo !!! ».
Il est également conseillé aux automobilistes de ne
plus tomber en panne sur cet axe de la mort. Quant aux élèves et
étudiants porteurs de laptop, il ne leur est plus permis de rentrer
après… 19h ! Bref, les riverains de la Vdn sont soumis à un véritable
couvre-feu après 19 heures ! En attendant que la Police et la
Gendarmerie combinent leurs efforts pour mettre hors d’état de nuire les
scootéristes de la mort, les résidents des Sacré-Cœur, Mermoz, Nord
Foire etc. sont en résidence surveillée pour ne pas dire… déplacements
surveillés ! Mais que font donc les forces de l’ordre ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire